CINÉMA - Kevin a 23 personnalités, et bientôt 24. Voilà le point de départ de "Split", le dernier film de Night Shyamalan, le réalisateur de "Sixième sens", qui sort en salles ce mercredi 22 février. Le personnage joué par James McAvoy souffre de TDI, autrement dit de Troubles Dissociatifs de l'Identité. Une maladie mentale souvent confondue, à tort, avec la schizophrénie.
Selon un article de l'Université de Montréal, 25 à 50 % des personnes qui sont atteintes de TDI ont d'abord reçu un diagnostic erroné de schizophrénie. Ces deux maladies partagent en effet des symptômes communs comme les hallucinations auditives.
Dans une conférence sur le sujet, la psychologue Marie-Christine Laferrière-Simard de cette même université expliquait que ce trouble provient "presque exclusivement de traumatismes, généralement survenus sur une période prolongée durant l'enfance". Une personne souffre de TDI à partir du moment où au moins deux personnalités distinctes prennent le contrôle alternativement. Cette maladie entraîne aussi des pertes importantes de la mémoire.
La schizophrénie n'est pas un dédoublement de la personnalité, elle est un trouble mental chronique qui perturbe la façon dont une personne pense, ressent les choses et se comporte.
Des troubles controversés
Pour se soigner, les malades atteints de TDI doivent se tourner vers la psychothérapie. "Il est essentiel que les patients qui souffrent de TDI viennent d'eux-mêmes en traitement, puisque l'une des premières étapes de la thérapie est l'acceptation, assurait Marie-Christine Laferrière-Simard. Mais ils vivent parfois des luttes intérieures où une personnalité qui prend le contrôle refuse d'être traitée ou décide de rester à part."
Attention, cependant, les TDI ont aussi été vivement critiqués. Dans les années 70, un livre et un film sont sortis aux États-Unis, "Sybil", qui racontait l'histoire vraie de la psychothérapie d'une jeune femme qui possédait 16 personnalités. Après ce succès, les diagnostics de TDI se sont multipliés. Au début des années 90 cependant, plusieurs enquêtes ont été menées et ont mis en question nombre de cas de TDI, y compris celui de la fameuse Sybil.
Des malades en colère à cause du film
Depuis la sortie de "Split" aux États-Unis, de nombreux patients souffrant de TDI se sont émus du traitement de ce trouble dans le film. La psychiatre américaine Garrett Marie Deckel raconte ainsi à CNN qu'un de ses patients lui a envoyé un mail en apprenant la sortie de ce film: "Il y un nouveau film qui sort sur une personne avec TDI. C'est un thriller/film d'horreur. Est-ce que je vous ai déjà fait peur?"
Créatrice d'une chaîne YouTube et d'un groupe Facebook consacrés aux TDI, Amelia Joubert, une Américaine de 18 ans a aussi pris la parole contre le film: "Les gens sont en colère. Ils se sentent discriminés... Mais ça n'est pas nouveau." Elle met en avant la série 'United States of Tara' (2009-2011) qui offrait un regard bien plus réaliste que "Split" sur les TDI. Un avis que partage Le Guardian qui expliquait en janvier dernier comment, de "Psycho" à "Split" le cinéma ratait systématiquement son portait des personnalités dissociatives.